Le Bureau du commissaire aux langues autochtones a tenu son premier événement national à TK’emlúps (Kamloops), en Colombie-Britannique, les 14 et 15 septembre 2023, avec 80 peuples inuits, métis et des Premières Nations représentés par des Aînés, des experts en langues, des éducateurs, des traducteurs et des interprètes de partout au Canada.
Le rassemblement a eu lieu sur le territoire traditionnel des Tk’emlúps te Secwépemc, situé sur les terres ancestrales non cédées de la Nation des Secwépemc, et il visait à recueillir des commentaires directement des Inuits, des Métis et des membres des Premières Nations qui travaillent concrètement à protéger et à promouvoir leurs langues en partenariat avec des organisations culturelles et communautaires.
Dans le cadre d’une réception alliant langues et cultures autochtones, les participants ont assisté à diverses activités culturelles, notamment du chant et de la danse, dans le parc de renommée mondiale Tk’emlúps Powwow Grounds. Ils ont eu droit entre autres à des prestations de Sage Hills, d’interprètes de chant guttural inuit et de violoneux et danseurs métis. Le conteur secwépemc Kenthen Thomas a conclu le rassemblement avec un récit (stsptekwll) intitulé « Les deux coyotes ». La première femme chef de la communauté de Stswecem’c Xget’tem, Clara Camille, a récité la prière d’ouverture en tant qu’Aînée et défenseure de la langue des Secwepemc.
Le lendemain, vendredi, Rhoda Kaykuaq, traductrice anglais-inuktitut, a récité une prière d’ouverture et Leena Evic, défenseure de la langue inuktitute et de la culture, a allumé un qullik et a plus tard parlé de l’importance de cet outil de survie.
Après avoir commencé la journée en beauté, le Bureau du commissaire a mené un mélange de discussions animées et de panels et a entendu de première main les problèmes avec lesquels les leaders en langues autochtones doivent composer dans leurs communautés.
Les participants au panel sur les perspectives des jeunes sur l’avenir des langues autochtones (Looking Toward the Future: Youth Perspectives on Indigenous Languages) comptaient des ambassadeurs inuits, métis et des Premières Nations qui mettent en valeur leurs langues par le biais d’activités culturelles, artistiques et sportives, et dans le cadre de recherches universitaires et de relations de mentorat solides avec les Aînés de la communauté et des membres de la famille qui agissent à titre de gardiens de la langue.
Garlene Dodson, une Aînée atteinte de la maladie de Parkinsons, continue d’enseigner en classe et en ligne, parce qu’elle sait que les Aînés qui transmettent la langue traditionnelle sont très rares. « Sans langue, il n’y a pas de Nation. E ta7us ri7 pell xqweqwltén-kt ta7 me7 pell ck̓últens tek stem re xwexwyúlecwems te Secwepemcúl’ecw. »
Un deuxième panel sur les interprètes et les traducteurs a mis en lumière les préoccupations des experts en langues, qui non seulement enseignent leur langue dans les milieux communautaires, mais fournissent également des services d’interprétation et de traduction aux gouvernements et à d’autres organismes. En raison de la diminution du nombre de personnes parlant couramment la langue, la fatigue est aussi bien présente. Tous les panélistes ont convenu qu’un soutien accru doit être fourni directement aux personnes parlant couramment la langue pour assurer une prestation adéquate de ces services.
Le Bureau du commissaire a reçu des informations sur les nombreuses initiatives essentielles qui sont réalisées dans les communautés et les écoles inuites, métisses et des Premières Nations pour revitaliser les langues. Il a entendu de nombreuses histoires de réussite de membres de la communauté qui luttent pour surmonter des obstacles courants, comme le manque de financement adéquat et soutenu pour les efforts de revitalisation.
Le besoin immédiat d’offrir plus de programmes de formation des enseignants dans les communautés autochtones a été un message commun et récurrent. Les participants ont également convenu que le recours à des Aînés experts en langues dans le cadre d’initiatives de mentorat augmenterait considérablement la compétence linguistique.
Le Bureau du commissaire a également compris que l’immersion linguistique est la meilleure façon de revitaliser les langues dans les milieux éducatifs locaux.
Les enseignements autochtones axés sur la terre favorisent le développement de la boussole morale, car les apprenants de langues doivent à la fois pratiquer et reconstituer le savoir autochtone et se rappeler les paroles des ancêtres. Les enseignements autochtones axés sur la terre qui expliquent le but de la langue et de son utilisation représentent un attrait pour les jeunes adultes qui veulent renouer leurs liens avec leur culture par le biais de la langue.
Depuis des temps immémoriaux, les langues des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont été transmises par tradition orale, mais beaucoup ont convenu que des efforts doivent être faits pour consigner la langue afin d’en assurer la survie et la continuité.
À la fin des discussions, après un compte rendu à tous les participants, Verna DeMontigny, une Aînée métisse et traductrice qui parle couramment le michif, a terminé le rassemblement avec une prière en michif accompagnée au violon par Oliver Boulette.
« Les discussions qui ont eu lieu tout au long de la journée dans le cadre de ce premier rassemblement public organisé par le Bureau du commissaire aux langues autochtones nous montrent clairement que, bien que nous provenions de nations aux cultures, traditions et langues différentes, nous sommes unis et nous appuyons mutuellement dans notre but commun de redonner vie à nos langues », a déclaré le commissaire Ronald E. Ignace, le premier commissaire aux langues autochtones. « Notre peuple et nos communautés sont les mieux placés pour diriger le travail crucial qui nous permettra de nous réapproprier nos langues et de les revitaliser, de les renforcer et de les préserver. Si le travail qui nous attend peut nous sembler accablant, nous devons nous rappeler que notre peuple et nos communautés font notre force. »
* Le secwepemctsín est une langue salish des terres intérieures traditionnellement parlée par le peuple Shuswap de la Colombie-Britannique. Les Secwépemc parlent principalement deux dialectes de la langue (oriental et occidental) dans leurs 17 bandes.