Le 30 octobre dernier, le commissaire Ronald E. Ignace s’est adressé aux participants de la 24e édition du Forum des enseignantes et des enseignants sur la démocratie parlementaire canadienne qui se sont réunis à Ottawa pour apprendre de première main le fonctionnement interne des branches de l’État. Le Forum est animé par le président du Sénat et le président de la Chambre des communes, et est organisé par la Bibliothèque du Parlement.

Le commissaire s’est adressé virtuellement à un groupe de 80 enseignants en sciences sociales venus de partout au Canada, représentant divers établissements d’enseignement et dont le programme d’études comprend des formations sur les connaissances civiques qui enseignent aux élèves le rôle des sciences sociales et la façon dont ils peuvent devenir des citoyens engagés.

Le thème de la présentation du commissaire Ignace était « Les peuples autochtones et le Parlement »; celle-ci mettait l’accent sur l’importance de la Loi sur les langues autochtones et la création du Bureau du commissaire aux langues autochtones (le Commissariat), dont le mandat est de soutenir les peuples autochtones dans la revitalisation et la préservation de leurs langues.

Le commissaire a présenté l’évolution de la Loi sur les langues autochtones sur une période de 30 ans et a relaté les efforts déployés par les peuples autochtones pour défendre leurs langues au fil du temps. Le commissaire a parlé de son parcours, des effets culminants des pensionnats, de la « rafle des années 1960 » ainsi que de la façon dont la structure socioéconomique traditionnelle des familles autochtones élargies a été détruite par la perte directe de la langue.

Le commissaire a décrit l’histoire et les défis des peuples autochtones qui se sont efforcés d’attirer l’attention du gouvernement du Canada sur l’importance des langues autochtones, et a parlé des travaux du Groupe de travail sur les langues et les cultures autochtones réalisés en 2005. Dans son rapport, celui-ci a d’abord reconnu la nécessité d’une loi fédérale qui « […] doit reconnaître le statut [des langues autochtones] au sein de la Constitution, affirmer qu’elles constituent un des fondements nationaux des peuples des Premières nations, des Inuits et des Métis, être assortie de ressources financières visant leur préservation, leur revitalisation, leur promotion et leur protection et, enfin, créer un poste de commissaire aux langues des Premières nations, des Inuits et des Métis »[i].

Le commissaire a tenu à souligner les travaux de la Commission de vérité et réconciliation ainsi que les Appels à l’action 13, 14 et 15 qui font écho aux recommandations du Groupe de travail de 2005 qui demandait au gouvernement du Canada de reconnaître les droits linguistiques des autochtones.

Dans le cadre du processus qui a mené à la Loi sur les langues autochtones, le commissaire a parlé du processus conjoint d’élaboration qui a reconnu la nature distincte et les expériences vécues des Premières Nations, des Inuits et des Métis lors de la rédaction de certains éléments de la loi, en particulier le projet de loi C-91.

Le commissaire a fait valoir le caractère historique de la Loi sur les langues autochtones, mais a déclaré ceci au groupe : « La Loi sur les langues autochtones, en soi, ne ramènera pas nos langues. C’est ce que les dirigeants et les peuples autochtones, ainsi que le Canada, en feront qui apportera un changement transformateur à la qualité de vie des Autochtones. »

Comme le rôle du Commissariat est de surveiller la mise en œuvre de la loi par le gouvernement, le commissaire a souligné que le succès de la loi exigeait non seulement une approche pangouvernementale, mais aussi une approche pancanadienne. À cet égard, il a déclaré ceci dans son allocution : « Nous sommes conscients qu’il s’agit du poids de l’Église et de l’État pendant plus de cent ans, ainsi que des lois, des politiques et des pratiques systémiques, coloniales et racistes qui ont donné lieu à un génocide et à un linguicide qui ont laissé nos langues dans l’état dans lequel elles se trouvent aujourd’hui. Le travail de renaissance et de revitalisation des langues autochtones exige une approche pancanadienne. »

Après la présentation, plusieurs questions ont été posées par les participants dans la salle, ce qui a permis de mesurer l’intérêt des personnes présentes et leur désir d’obtenir davantage d’informations sur les langues autochtones et sur la façon dont ils peuvent, en tant qu’enseignants, contribuer aux efforts de revitalisation de ces langues. Le Commissariat a pour mandat de soutenir les efforts des Autochtones en matière de préservation de leurs langues, et de promouvoir la richesse et la nature de celles-ci dans leur vie.

« La Bibliothèque du Parlement a eu le plaisir d’accueillir M. Ignace au Forum des enseignantes et des enseignants sur la démocratie parlementaire canadienne pour discuter de l’expérience des peuples autochtones et de leur relation avec le Parlement, en particulier dans le contexte de la réconciliation. Le point de vue et la passion de M. Ignace à l’égard de la préservation des droits linguistiques des Autochtones ont suscité l’intérêt des enseignants; son allocution a été un moment fort de la semaine. »


[i] Groupe de travail sur les langues et les cultures autochtones, p. xi