Le Bureau du commissaire aux langues autochtones (le Commissariat) et le gouvernement du Canada (plus précisément, Patrimoine canadien) ont organisé conjointement un événement en marge de la session de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones au siège de l’ONU à New York.
Le commissaire Ronald Ignace a déclaré devant une assemblée de représentants autochtones du monde entier que les peuples autochtones veulent ardemment sauver leurs langues en danger d’extinction et qu’ils ont les connaissances et les compétences voulues pour atteindre cet objectif vital.
L’événement parallèle du 16 avril 2024 a été organisé dans le cadre de la Décennie internationale des langues autochtones amorcée en 2022. Des exposés y ont été présentés, notamment par le chef international Wilton Littlechild (Cri), la présidente de Nunavut Tunngavik Incorporated, Aluki Kotierk (Inuk), la consultante en langue Brielle Beaudin-Reimer (Métis Nation), ainsi que Mikkel Eskii Mikkeslsen (Sami), membre du Parlement sami.
« C’est la première fois que le Commissariat a la possibilité de participer à une session de l’Instance permanente, et nous sommes honorés et ravis de voir qu’une délégation si nombreuse a choisi d’assister à notre événement », a déclaré Georgina Liberty, directrice du Commissariat, qui a servi de modératrice pour les panélistes.
« La salle était pleine. Nous avions des délégués et déléguées du Canada, de l’Asie, de l’Afrique, de l’Europe et de l’Amérique latine. Cette semaine a été très mobilisatrice. Nous nous réjouissons à l’idée d’une participation future de la Commission à l’Instance et à la perspective de renforcer les relations avec les leaders autochtones du monde entier et, nous l’espérons, d’inspirer les experts en langues autochtones et les communautés linguistiques autochtones du monde entier – et de tirer des leçons de leurs expériences. »
Pour lancer l’événement de belle façon, le chef Wilton Littlechild a récité une prière et l’Aînée Leena Evik a allumé le qulliq, la lampe à l’huile inuk traditionnelle.
Le député Taleeb Noormohamed, secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, a prononcé le mot d’ouverture en soulignant les cinq ans de l’adoption de la Loi sur les langues autochtones, qui établit l’obligation légale du gouvernement fédéral d’octroyer un financement adéquat et stable en ce qui touche les langues autochtones.
Après le mot d’ouverture, le commissaire Ronald Ignace a fait une brève allocution sur l’histoire du Commissariat et sa mission. La directrice Joan Greyeyes a ensuite présenté un court métrage produit par le Commissariat pour promouvoir la revitalisation des langues autochtones au Canada, « Our Languages, Our Voices » [Nos langues, nos voix], dont il s’agissait de la première projection.
Les quatre panélistes ont mis l’accent sur l’importance des efforts de renaissance des langues autochtones conçus et menés par les peuples autochtones. Ils ont également souligné le rôle essentiel que jouent les États en octroyant un financement adéquat et stable pour soutenir ce travail crucial.
« Vous devez penser dans votre langue », a expliqué le chef Wilton Littlechild. Avocat et ancien commissaire à la Commission de vérité et réconciliation, il a également siégé à l’Instance permanente sur les questions autochtones. « Quand vous entendez parler dans votre langue, vous écoutez et vous traduisez les mots en anglais dans votre tête, avant de revenir au cri. Nous devons donc penser en cri. Selon les Aînés, nous devons décoloniser notre propre esprit. Autrement dit, nous devons réfléchir dans notre propre langue. » [Traduction]
Mikkel Eskil Mikkelsen a fait remarquer que la disparition des langues du Nord de l’Europe est l’effet visible le plus marqué de la colonisation (ou de la « norvégisation ») des Samis et, à l’instar de ses collègues panélistes, il reconnaît qu’il y a encore un long chemin à parcourir pour revitaliser les langues autochtones.
Brielle Beaudin-Reimer a présenté les premières constatations issues d’un projet de recherche parrainé par le Commissariat au sujet de la maîtrise de la langue michif dans le contexte communautaire historique. La présidente Kotierk a parlé des défis auxquels sa communauté doit faire face, notamment l’accès aux services essentiels en inuktitut et la nécessité d’accroître l’utilisation et la maîtrise de cette langue dans le lieu de travail. Le chef Littlechild et la présidente Kotierk se sont dits favorables à la négociation d’une convention internationale sur les langues autochtones qui codifierait les obligations des États.