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Rassemblement linguistique des Inuits en milieu urbain à Ottawa, ON

(20 et 21 mars 2024)

Le Bureau du commissaire aux langues autochtones (le Bureau) a tenu un rassemblement linguistique destiné aux Inuits en milieu urbain sur le territoire non cédé des Algonquins (Ottawa, ON), qui a rassemblé plus de 60 participants. L’événement de deux jours a commencé par une soirée à la Société géographique royale du Canada, animée par le directeur Robert Watt. Durant les deux journées, des gardiens de la langue, des aînés et des jeunes inuits ont pris part à un dialogue constructif axé sur la revendication, la revitalisation, la protection et le renforcement de l’inuktut. Les participants, les panélistes et les présentateurs de tous horizons provenaient de communautés urbaines, rurales et éloignées. Certains parlaient couramment la langue, d’autres étaient débutants.

Shirley Tolley de Kitigan Zibi a accueilli les participants sur leur territoire algonquin traditionnel et non cédé. Le commissaire Ronald Ignace a exprimé la reconnaissance du Bureau à l’égard de cette occasion d’avoir un dialogue ciblé sur les perspectives uniques des Inuits. Le président Natan Obed de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) a énoncé le mot d’ouverture et Eelee Higgins a béni le repas. La bénédiction était particulièrement spéciale, puisque Mme Higgins a passé sa vie à enseigner, à perfectionner et à promouvoir avec dévouement l’inuktitut.

Après avoir savouré des mets traditionnels inuits, les participants ont passé une soirée divertissante qui a débuté par la poésie de la récipiendaire de prix Taqralik Partridge. Les participants ont ensuite accueilli une autre artiste ayant reçu des prix, Beatrice Deer, qui a offert une prestation aux côtés des membres de son groupe, Christopher McCarron et Mark Wheaton. Pour clore la soirée, directeur Watt et Beatrice Deer ont captivé les participants par un chant guttural.

Le deuxième jour, les activités ont commencé par une prière d’Eelee Higgins, qui a également allumé le qulliq. Dans son discours, commissaire Ignace a parlé de son parcours lié à la langue secwepemctsin, de sa mission quant à la défense des langues autochtones, de la création du Bureau, ainsi que de son mandat.

Directeur Watt a ensuite réparti les participants en sous-groupes dans le cadre de quatre discussions sur la protection de l’inuktut. Durant chacune des discussions, on a présenté de nombreuses façons de favoriser les efforts collectifs des Inuits, comme la réforme des politiques, l’augmentation du financement et l’inclusion des groupes urbains dans la répartition des ressources. Après les séances de discussion, tous les participants sont retournés dans la salle principale, où ils ont écouté un discours sur les efforts d’unification de l’inuktut présenté par les représentants de l’ITK Benjamin Mitsuk (directeur du développement économique, de l’éducation et de la culture) et Jesse Fraser (conseillère en communications).

Ensuite, Jimmy Uqittuq, un enseignant de Kangiqsujuaq, a animé la discussion des jeunes. On comptait parmi les participants Sarah Samiak, Eva Papak Arnatok, Philip Tulugak et Mumlu Atagotaaluk, qui ont exprimé leurs réflexions sur l’avenir de l’inuktut. Ils ont abordé l’importance des relations et de la communauté. Une autre discussion animée a suivi, au cours de laquelle les cinéastes Jobie Weetaluktuk et Zebedee Weetaluktuk ont parlé du rôle de la technologie pour créer une dynamique et inspirer les autres. Ils ont d’ailleurs un compte TikTok consacré à l’enseignement de l’inuktitut.

Directeur Watt a poursuivi avec l’animation d’une autre discussion de groupe sur la langue et la prestation de services en milieu urbain. On comptait parmi les panélistes Stephanie Mikki Adams (directrice générale de l’Inuuqatigiit Centre for Inuit Children, Youth and Families) et Rita Novalinga (Tungasuvviingat Inuit).

Enfin, une présentation de livres et de ressources a été menée par Monica Ittusardjuat d’Inhabit Education. Monica Ittusardjuat – survivante des pensionnats, autrice, ancienne enseignante et ancienne coordonnatrice nationale de l’inuktut à l’ITK – possède des décennies d’expérience, de vastes connaissances sur l’inuktut et la culture, ainsi qu’une passion pour la survie de l’inuktut chez les générations à venir.

Les animateurs ont terminé leurs discussions et commissaire Ignace est revenu sur l’estrade pour prononcer le mot de la fin. Eelee Higgins a conclu par une prière en éteignant le qulliq.

Au cours des deux journées de l’événement, l’ensemble des discussions, des présentations et des dialogues ont permis d’exprimer de nombreuses idées et préoccupations qui font office d’étapes clés pour aller de l’avant, alors que les Inuits se réapproprient leur langue et s’efforcent de la revitaliser, de la préserver, de la renforcer et de la maîtriser.

Un financement à long terme est nécessaire pour y parvenir. Le financement est essentiel pour embaucher, maintenir en poste et soutenir les enseignants et les éducateurs, qui fournissent la majeure partie des efforts de revitalisation de la langue. On a aussi souligné à plusieurs reprises que de grandes idées novatrices sont souvent relevées au cours de discussions sur la technologie et l’utilisation de l’intelligence artificielle, qui pourraient permettre de numériser les archives, de concevoir des applications et des jeux, etc.

Lors de l’événement, il est apparu évident que la langue joue un grand rôle dans le processus de guérison des traumatismes intergénérationnels et de la honte; le rétablissement peut passer par l’usage de la langue. Après avoir rencontré tant de personnes éloquentes durant le rassemblement, nous croyons que l’avenir de l’inuktut s’annonce brillant.

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