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Une collaboration mondiale favorise la revitalisation des langues autochtones lors de la 9e édition de la conférence internationale sur la documentation et la conservation des langues à Hawaï

Mars 2025 – Honolulu (Hawaï)

Lors de la conférence internationale sur la documentation et la conservation des langues de 2025 à Honolulu, plus de 400 participants se sont réunis pour se pencher sur une préoccupation pressante à l’échelle mondiale : la survie des langues autochtones face aux déplacements, à l’urbanisation et à la perte intergénérationnelle. Ce qui a été réitéré tout au long de la rencontre, c’est que la revitalisation n’est pas seulement le fruit d’un effort local, mais aussi d’une collaboration mondiale et d’un échange de connaissances à long terme.

Le discours de Ross Perlin et de Rasmina Gurung de l’Endangered Language Alliance sur les réalités linguistiques complexes des grandes villes a ouvert la conférence. Dans le cadre de leurs travaux à New York, ils ont documenté plus de 12 000 endroits où les langues des minorités et des Autochtones sont bel et bien parlées – des mosquées, des temples, des immeubles d’habitation et des parcs.


Rasmina Gurung, infirmière à temps plein et locutrice du seke comme langue d’héritage, a parlé des défis personnels que pose la préservation de la langue dans la diaspora. Dans un réseau virtuel de soutien provenant de la famille et de locuteurs communautaires, sa communauté a construit ce qu’elle appelle un « village virtuel », c’est-à-dire un espace propice à la survie de la langue, malgré la distance géographique. « Parfois, on a l’impression que la langue se ravive d’elle-même », a-t-elle dit, tout en reconnaissant que la transmission intergénérationnelle se heurte à un obstacle permanent : le fait que les Aînés ne parlent pas couramment la langue.

That challenge resonated across sessions. In one of the breakout sessions: Talk Story – Speech Generation for Indigenous Language Education, UK, Japan, and Canadian researchers presented preliminary findings from their speech synthesis software that aims to support Indigenous language learning. This software would produce high-quality sound output for a learner using virtually minimal input from speakers—a solution that is being carefully planned alongside Indigenous Elders and community members. It is unique in that it operates under principles that respects data sovereignty where the data remains in the control of Indigenous peoples. This work is especially promising for languages that have very few fluent speakers.

D’autres séances portaient sur la pédagogie. Un groupe d’étudiants Sḵwx̱wú7mesh dans la province de la Colombie-Britannique a fait part de ses démarches dirigées par les pairs pour favoriser la maîtrise d’une langue lorsque le nombre de personnes d’un entourage qui ont cette langue comme lange maternelle est limité. L’approche comprend des milieux immersifs, l’enregistrement de l’entraînement personnel et l’alternance des rôles d’enseignant et d’apprenant pour stimuler la confiance et l’indépendance des apprenants.

Pour sa part, Lynne Harata Te Aika, d’Aotearoa (en Nouvelle-Zélande), a fait un survol des programmes de formation d’enseignants māori, qui ont débuté il y a 25 ans et qui proposent un modèle tribal visant à restaurer l’usage de la langue à la maison. Des milliers d’enseignants ont obtenu leur diplôme depuis. Mais en 2023, le financement essentiel du gouvernement a été interrompu. Le travail se poursuit, dans le secteur privé et aux frais des participants.

Dans une autre séance, Brian Maracle a présenté le programme d’immersion pour adultes kanien’kéha d’Onkwawenna Kentyohkwa. Le programme intensif de deux ans, qui s’inspire de la construction polysynthétique de la langue à partir de mots-racines, vise à former des locuteurs compétents en mesure d’élever des enfants qui deviendront à leur tour des locuteurs courants de la langue. Le programme d’études a été suivi par de nombreuses communautés canadiennes et américaines.


Le thème unificateur de ces projets est l’importance de la collaboration et de l’échange de connaissances et de pratiques prometteuses. Les participants de toutes les disciplines et de toutes les régions ont insisté sur le fait que la revitalisation des langues s’appuie à la fois sur le contexte local et sur des défis communs, comme l’absence de locuteurs de langue maternelle, les contraintes du financement, et la nécessité d’un transfert de connaissances fidèle aux façons autochtones de savoir et d’être.

M. Ronald E. Ignace a eu l’honneur de prononcer une allocution lors de la conférence, où il a fait part des efforts déployés pour faire progresser la revitalisation des langues, parcours qui a finalement mené au mouvement national ayant abouti à l’adoption de la Loi sur les langues autochtones en 2019. Il a parlé franchement de la lutte qui dure depuis des décennies pour faire sortir les langues autochtones de l’ombre, en soulignant que les langues sont porteuses non seulement d’identité et de culture, mais aussi de perspectives et de solutions importantes pour l’économie et le changement climatique. Il a mentionné le mandat et l’évolution des travaux du Bureau du commissaire aux langues autochtones, qui fait la promotion des langues autochtones et appuie les démarches des peuples autochtones pour revitaliser leurs langues. Il a parlé des activités et travaux stratégiques qui ont lieu pour revendiquer un changement systémique à tous les échelons du gouvernement.

À la fin de la conférence, Mme Mary Therese Perez Hattori a expliqué à l’auditoire que la lutte pour la réappropriation d’une langue commence parfois très loin de chez soi – surtout pour les populations de la diaspora. Mais le travail commun qui se fait dans les écoles, les salons et les salles de réunion partout montre clairement que le mouvement de revitalisation n’est plus isolé. Il est mondial, plus visible que jamais et prend de l’ampleur.

La Commission est reconnaissante d’avoir participé à la discussion mondiale sur la façon de s’orienter en fonction des réalités des communautés de la diaspora et de contribuer à faire progresser les objectifs stratégiques pour construire, échanger et apprendre aux côtés des peuples autochtones du monde entier, en particulier pendant la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032) des Nations Unies. La conférence internationale sur la documentation et la conservation des langues, lieu de rassemblement pour le dialogue international, a été une occasion spéciale pour la Commission d’apprendre des éducateurs, des chercheurs et des dirigeants autochtones.