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Association internationale des commissaires linguistiques, Cardiff, pays de Galles

(Juin 2024 – Cardiff, pays de Galles)

En juin, la conférence de l’Association internationale des commissaires linguistiques (AICL) soulignait le 10e anniversaire de l’organisme à Cardiff, au pays de Galles, mettant en lumière les efforts déployés pour protéger et promouvoir les langues minoritaires dans le monde. En tant que nouveau membre, le Bureau du commissaire aux langues autochtones était de l’événement, tout comme des commissaires linguistiques, des experts et des décideurs politiques du monde entier pour présenter leurs visions et leurs meilleures pratiques.

Le pays de Galles fait des efforts remarquables pour revitaliser la langue galloise par l’entremise de sa stratégie « Cymraeg 2050 », laquelle vise le million de locuteurs gallois d’ici 2025. Osian Llywelyn, sous-commissaire linguistique du gouvernement gallois affirme que leur vision est « une Galles où les gens peuvent parler le gallois dans la vie de tous les jours ». Les normes linguistiques galloises fixent des exigences minimales pour que les pouvoirs publics traitent le gallois et l’anglais sur un pied d’égalité. Toutefois, les entreprises sont encouragées à dépasser ces normes.

Dona Lewis, cheffe de la direction du Centre national pour l’apprentissage du gallois, a mis en évidence leur approche multiniveau comportant des modèles d’apprentissage comme les classes virtuelles, les ressources pour autodidactiques et l’innovant système Siard qui permet de jumeler des apprenants avec des personnes qui maîtrisent la langue. La participation des employeurs a été déterminante puisque plus de 30 entreprises ont soutenu les projets en matière de langue en milieu de travail.

Les communautés locales s’impliquent également, Cardiff adoptant, à la suite d’une consultation publique, une politique pour que les noms des rues soient bilingues. Les plans de développement locaux échelonnés sur 10 ans visent une augmentation des locutrices et locateurs gallois pour faire de la langue une norme et ainsi, contribuer à la prospérité des collectivités.

Dans le domaine des soins de santé, offrir des services en gallois est essentiel pour assurer des soins centrés sur le patient. Toutefois, un rapport de certification a révélé que des efforts supplémentaires sont nécessaires dans ce secteur.

En Irlande, le commissaire Séamas Ó Concheanainn a cité des exemples où la langue irlandaise montre des signes positifs, avec 38 000 élèves actuellement inscrits dans des écoles d’immersion et l’expansion des services de radio et de télévision. Afin d’encourager l’utilisation de la langue irlandaise, il a été décidé que 20 % de la publicité annuelle soit faite en irlandais et que 5 % des dépenses publicitaires aillent à des médias de langue irlandaise. Selon le commissaire à la langue irlandaise, il est essentiel de regagner la confiance du public pour renforcer les droits linguistiques dans un paysage en constante évolution et confronté à des défis persistants.

Fernand de Varennes, Ph. D. et ancien rapporteur spécial des Nations unies sur les questions relatives aux minorités, a affirmé avec force la reconnaissance croissante du lien entre la langue et les droits de la personne. Il a insisté sur la nécessité de lois et de mécanismes applicables pour sauvegarder les droits des langues minoritaires et a souligné que si la législation est nécessaire, elle est souvent insuffisante pour véritablement protéger et maintenir une langue à long terme.

Des panélistes de divers organismes, dont le conseil municipal de l’île d’Anglesey et Natural Resources Wales, ont fait part de leur expérience relativement à la mise en œuvre des normes de la langue galloise et de la promotion du bilinguisme sur leur lieu de travail. Parmi les stratégies utilisées, citons l’élaboration de politiques linguistiques internes, la mise en place de cours de langue et l’utilisation de la technologie pour faciliter la pratique de la langue.

Plus tard dans la semaine, pendant l’assemblée générale annuelle de l’AICL, le commissaire aux langues autochtones, Ronald Ignace, s’est adressé à l’Association internationale des commissaires linguistiques. Le commissaire a parlé de son histoire personnelle et de sa passion pour sa langue, le secwepemctsin, que lui a enseignée son arrière-grand-mère, Sulyen. Il a également souligné l’impact dévastateur du génocide culturel historique et persistant du Canada envers les Autochtones, leurs langues et leur identité.

Il a souligné l’importance de la Loi sur les langues autochtones (la loi), qui est entrée en vigueur en 2019 après une collaboration et une implication importantes des peuples autochtones. La loi reconnaît que les droits liés aux langues autochtones sont des droits protégés par la constitution. Le commissaire a souligné que la loi ne suffira pas à revitaliser les langues; un changement en profondeur exige des efforts concertés de la part des dirigeants autochtones, des communautés et de l’ensemble du Canada.

Le commissaire a parlé du mandat et de la mission du Bureau, qui consistent à promouvoir et à soutenir la revitalisation de toutes les langues autochtones au Canada, afin de s’assurer qu’aucune ne soit laissée pour compte. Il a fait part des résultats des récents rassemblements nationaux et régionaux, au cours desquels on a pu entendre des histoires inspirantes de réappropriation et de revitalisation des langues. Le commissaire a invité les participants au rassemblement mondial sur les langues autochtones à Ottawa, en 2025, où les pratiques novatrices, les efforts locaux et la recherche seront mis en évidence. M. Ignace a également parlé du lancement d’initiatives de sensibilisation majeures, telles que la transformation du système éducatif pour mieux soutenir les programmes de maîtrise de la langue ainsi que la formation des enseignants en immersion linguistique – une voie qui n’existe pas actuellement de manière importante. En misant sur des ressources adéquates, l’appui institutionnel et un travail acharné, le commissaire a exprimé l’espoir de voir toutes les langues autochtones protégées, vivantes, prospères et toujours dans la lumière.

Alors que le monde devient de plus en plus interconnecté, la conférence de l’AICL démontre l’importance de préserver la diversité linguistique et de défendre les droits linguistiques en tant qu’aspect fondamental des droits de la personne. Les histoires et les meilleures pratiques présentées lors de l’événement servent d’inspiration aux gouvernements, aux organismes et aux commissions linguistiques du monde entier pour favoriser des sociétés inclusives où toutes les langues sont valorisées et protégées.