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Rassemblement linguistique des Premières Nations à Halifax, N.-É.

(25 et 26 mars 2024)

Le Bureau du commissaire aux langues autochtones (le Bureau) a tenu la première de nombreuses activités de mobilisation sur les langues des Premières Nations, réunissant plus de 90 participants sur le territoire de Mi’kma’ki à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Ce rassemblement visait à favoriser l’interaction et l’échange de connaissances entre les gardiens des langues, les aînés et les jeunes des Premières Nations, ainsi qu’à souligner l’importance de préserver et de promouvoir les langues autochtones. L’activité de mobilisation représentait les communautés Mi’gmaq/Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard.

Une réception en soirée animée par M. Dion Denny d’Eskasoni a donné le coup d’envoi à l’événement de deux jours. Le grand chef du Grand conseil Mi’kmaq Norman Sylliboy a formulé une prière et a accueilli les participants sur leur territoire traditionnel. Le commissaire Ronald Ignace a souhaité la bienvenue aux participants dans un discours d’ouverture, durant lequel il a présenté le parcours du Bureau du commissaire aux langues autochtones, son mandat et son développement.

Les invités ont assisté aux performances de danseurs, de chanteurs et de batteurs ko’jua. L’expression d’une forte fierté culturelle a donné le ton à ce rassemblement inspirant. Le reste de la soirée, les participants ont visité les lieux et partagé des récits.

Le matin suivant, ils ont été accueillis par l’animateur M. Dion Denny et le grand chef Norman Sylliboy. Les aînés Patsy Paul-Martin et Albert Marshall ont énoncé des prières et des mots de bienvenue. Le commissaire Ignace a déclaré qu’« il est très important que le travail du Bureau du commissaire aux langues autochtones soit ancré dans vos voix », réitérant que l’objectif de l’activité de mobilisation était de transmettre de l’information et d’écouter les commentaires des participants.

La directrice Joan Greyeyes s’est ensuite adressée aux participants et a présenté la conférencière Lorna Williams, Ph. D., membre de la nation Lil’wat et pionnière des efforts de revitalisation des langues autochtones. Mme Williams a parlé de l’importance de la langue et de la formation des enseignants, de la responsabilité sociale des établissements d’enseignement postsecondaire et du travail exceptionnel qui peut être accompli grâce à la vigueur des jeunes, alliée à la sagesse des aînés. On tire une puissance extraordinaire de la revendication, de l’utilisation et de la valorisation des langues autochtones, que Mme Williams exprime ainsi : « l’esprit de communauté s’élève par l’usage de la langue ».

Daniel Brant, Ph. D., a ensuite fait une présentation axée sur les recherches en cours sur les langues autochtones et l’adéquation du financement, menées au nom du Bureau. Dans sa présentation, il a souligné que le financement est fondamental pour veiller à ce que les programmes de langues soient cohérents et fassent une différence dans les communautés. Toutefois, les gestionnaires passent énormément de temps à chercher de l’argent pour maintenir les programmes actifs. M. Brant a également insisté sur une plus grande mise en lumière des réussites communautaires, qui peuvent inspirer d’autres communautés dans leurs efforts linguistiques.

En après-midi, des discussions en sous-groupes ont eu lieu pour connaître les perspectives des participants. Diverses idées se sont démarquées au cours de ces entretiens, notamment le fait d’encourager l’apprentissage en fournissant des ressources financières aux apprenants des langues autochtones et aux locuteurs. D’autres ressources doivent être allouées à la création et à la production de films et d’émissions en langues autochtones, et nous devons ramener les enfants sur le territoire pour qu’ils apprennent la langue. Il a été mentionné que la revitalisation des langues nécessite une approche multifacettes tout au long de la vie d’une personne, de sorte que les peuples autochtones aient accès à de multiples domaines du début à la fin de leur vie. On a aussi mentionné que même s’il est essentiel d’apprendre les langues à l’école, ce n’est pas la seule façon de les préserver.

La discussion des jeunes a été présentée et animée par Michelle Marshall-Johnson, directrice, langue et culture Mi’gmaq/Mi’kmaq. Les jeunes qui ont participé à la discussion (Ainsley Denny, Donovan Johnson, Cole Stevens et Norelle Stevens) ont présenté leurs points de vue sur les langues autochtones et leurs réflexions sur l’avenir. Ils ont discuté du préjugé selon lequel il est trop difficile d’apprendre la langue. Ils ont abordé le fait que les jeunes peuvent souvent être gênés de parler la langue, car ils ont honte de ne pas prononcer les mots correctement. Ils ont aussi parlé de la musique comme autre forme d’immersion pour la jeunesse. Donovan, un apprenant qui parle couramment la langue, a dit une phrase puissante qui en montre l’importance : « chaque fois que je parle ma langue, je me sens chez moi ».

Le groupe a ensuite assisté à une présentation de Shingai Manjengwa (éducation à l’intelligence artificielle [IA] et connaissance des données, Fireside Analytics), axée sur l’IA et les langues autochtones. Dans cette présentation, Mme Manjengwa a souligné l’importance des voix autochtones et de la propriété intellectuelle dans la mise en œuvre de l’IA. La séance en sous-groupes a mis l’accent sur d’importantes considérations à l’égard du rôle de l’IA et de la revitalisation de la langue. L’une des principales constatations est que les Premières Nations de partout au pays peuvent utiliser l’IA comme outil pour revitaliser les langues autochtones. Mais l’IA ne devrait jamais remplacer les aînés et l’expérience vécue, l’essence même des langues. Des préoccupations ont été soulevées quant à la préservation des récits et des enseignements, dans le contexte où l’IA deviendra difficile à éviter. Dans l’ensemble, il y a un intérêt quant à l’intégration de certains aspects de l’IA dans les travaux linguistiques et les participants ont demandé au Bureau de fournir une expertise à l’avenir.

Lors de la dernière discussion en groupe, animée par la directrice Joan Greyeyes, on a abordé la formation des enseignants pour les programmes d’immersion. Les panélistes Lorna Williams, Ph. D., et Kevin wâsakâyâsiw Lewis, Ph. D., ont discuté de l’importance des défenseurs des langues, qui assurent la constance des travaux linguistiques même en cas de manque de financement. Ils ont aussi abordé l’importance du rôle des enseignants dans le maintien d’un équilibre sain entre l’âme, le corps et l’esprit dans le cadre de leur travail.

L’événement s’est conclu par la mise en récit de l’aîné Mi’gmaq/Mi’kmaq Albert Marshall, sur l’approche à double perspective. L’aînée Patsy Paul-Martin a souhaité aux participants un bon retour à la maison et a énoncé la prière de clôture.

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